En finir avec les histoires de bibliothèques ?  Et si c'était leur aspiration la plus profonde....

Ci-dessus la couverture définitive, puis le frontispice : Odilon Redon. Les Dents (charbon et craie sur papier, 51.1 x 36.8 cm), 1883. Illustration pour E.A. Poe, Les Dents de Bérénice.

Paru le 6 septembre 2024, 192 pages, 23.50 EUR

Editions Les Belles Lettres, EAN 9782251455891

Prière d'insérer :

Lucien X. Polastron l'assure : mieux que l'université, les bibliothèques publiques l'ont pris sous leur aile et formé, de Béziers et Toulouse à Paris et Londres, dans cet ordre ascensionnel, ce qui ne l'a pas empêché d'acquérir, classer et s'entourer de plus ou moins quinze mille volumes, still counting comme on dit à la British Library.

Ni de publier Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, suivi en 2006 de La Grande Numérisation. Y a-t-il une pensée après le papier ? et enfin Une brève histoire de tous les livres.

Il n'aurait pas été plus loin si, au fil de ses pérégrinations dans le labyrinthe des catalogues et des rayonnages du monde, il n'avait perçu un chuchotis, le même et de plus en plus appuyé, qui s'avéra le monologue de La Bibliothèque une et indivisible, sorte de génie des lieux souhaitant depuis toujours raconter sa vie plurimillénaire à quelqu'un qui enfin l'écouterait.

C'est ainsi qu'il peut maintenant rapporter les souvenirs, fiertés, courroux et sautes d'humour de celle qu'il tient à juste titre pour la meilleure amie du genre humain.

PRESSE

"Au bibliopède inconnu. ...Fidèle à sa passion Lucien X. Polastron donne sa voix et son érudition à la bibliothèque dans une vibrante prosopopée...", Jérôme Delclos, La Matricule des anges, N° 257, octobre 2024, pleine page, p. 4.

"Il publie un plaidoyer pour la survie des bibliothèques. ... Il sourit lorsqu'on lui fait remarquer qu'il serait pas mal dans le rôle de Guillaume de Baskerville, ce moine enquêteur amoureux des livres ... un style qui donne envie de passer un après-midi pluvieux au fond d'un fauteuil crapaud....'", Jean-Marc Lernould, Sud Ouest éd. Agen, lundi 7 octobre 2024, pleine page, p. 17.

"L'esprit du savoir". On ne peut faire mieux que cette recension de Mme Maïthé Bouyssy dans En attendant Nadeau le 4 juillet 2025.

AVIS aux heureux possesseurs de « Ma poussière est l’or du temps ». Voici un paragraphe qui aurait dû en faire partie mais qui fut exhumé trop tard. Mode d’emploi : le coller dans Word, le composer en Garamond, puis l’imprimer sur un joli papier pour l’insérer dans l’ouvrage, entre les pages 124 et 125.

« C’était le soir et, dans l’énorme bâtiment rempli de millions de livres serrés en silence sur les étagères, j’étais seul, je travaillais. Je me souviens de l’acuité exceptionnelle de ma pensée, d’habitude plutôt indolente et inerte. Je me souviens aussi de son excitation qui grandissait peu à peu, de l’incohérence et du manque de logique des images, d’un flot d’émotions involontaires, du caractère terriblement paradoxal et inattendu de mes idées, toutes choses qui m’ont finalement obligé à reconnaître que je me sentais mal, et à abandonner le travail que j’avais entrepris. Je me souviens enfin de mon effroi quand j’ai soudain compris que c’étaient les livres qui agissaient sur moi, non ceux que j’avais choisi et que j’étais en train de lire, mais les autres, ceux qui étaient silencieux, enfermés à clé dans les armoires, serrés sur les étagères. C’étaient eux, ces livres muets, qui, par je ne sais quelles voies mystérieuses, avaient branché mon cerveau sur des milliers d’autres cerveaux déjà morts, et ceux-ci, traîtreusement, silencieusement, déversaient en moi leur vie étrangère. Je me souviens aussi du gardien qui m’a ouvert la porte, un homme sombre avec un visage d’un type étrangement ancien, et des mouvements crispés de sa tête, comme s’il entendait continuellement quelque chose d’incompréhensible. »

Léonid Andreïev, « La malédiction de la bête », Judas Iscariote et autres contes, Paris, José Corti, 2000, p. 211.